Jeremy Cukierman MW intègre le jury de Star Wine List of the Year France

Jeremy Cukierman MW. Photo Leif Carlsson.
Helen Arnold
Par Helen Arnold
Publié 06-novembre-2023
Interview / France

Le jury de la première édition de Star Wine List of the Year en France, qui se tiendra en février prochain, accueille dans son équipe Jeremy Cukierman MW. Helen Arnold l’a interviewé pour en savoir plus sur sa vision de l’univers vinicole français, sur les erreurs et faux-pas qu’il trouve dans les cartes des vins locales, et pour connaître son adresse préférée - hors de France.

Afin de récompenser les plus belles cartes des vins de France, Star Wine List tiendra son événement Star Wine List of the Year à Paris le 12 février prochain, lors de Wine Paris & Vinexpo Paris. Tous les restaurants et bars à vin du pays peuvent déposer gratuitement leur candidature pour ces prix, qui couvrent de nombreuses catégories telles que Meilleure carte de vins effervescents ou Meilleure carte au verre inscriptions et informations ici.

Jeremy Cukierman MW vient compléter l’équipe de juges

Professionnel respecté du monde du vin, Jeremy Cukierman a plus d’une corde à son arc : il est le directeur de la Kedge Wine School, qui possède des campus à Paris et Bordeaux, en plus d’avoir publié deux livres primés, Vignerons Essentiels et Quel Vin pour Demain, qui parle des changements climatiques et de leurs impacts sur le vin. Conférencier et formateur, il est aussi très demandé par des entreprises du milieu du vin pour du consulting. En outre, il publie régulièrement des articles dans les magazines Vigneron (France) et Civiltà del Bere (Italie).

Comment es-tu arrivé dans le monde du vin ?

À 25 ans, j’ai commencé à travailler comme media planner dans une agence de publicité. J’y suis arrivé un peu par hasard, après un premier stage. J’ai alors fait la rencontre de passionnés de vin qui en savaient énormément sur le sujet, et j’ai eu l’opportunité de goûter à d’excellentes bouteilles avec eux. C’est vite devenu une passion pour moi aussi, de pair avec la gastronomie. Je me suis mis à voyager dans des régions viticoles, j’essayais d’avoir des allocations dans de grands domaines et j'organisais des dîners avec accords mets et vins dans des restaurants gastronomiques. Quatre ans plus tard, je me suis dit qu'il était temps de me trouver un travail dans le monde du vin. J'ai démissionné de mon poste en agence et j’ai lancé ma société de vente de vin à Paris, qui comptait aussi un volet événementiel.

Qu’est-ce que ça te fait d’intégrer le jury de Star Wine List ?

Je suis ravi ! C'est très important de récompenser et de mettre en avant ces restaurants et bars à vin qui proposent de belles cartes. On a besoin d'eux pour mettre en lumière le travail des meilleurs vignerons, leurs grands terroirs, les vins qui témoignent d’un lieu, et pour bien les accorder aux plats.

Le jury de Star Wine List of the Year France : Pascaline Lepeltier, Ronan Sayburn MS, Heidi Mäkinen MW et Jeremy Cukierman MW.

Qu’espères-tu découvrir lors de ce mandat, et quels sont tes objectifs en tant que juge ?

J’espère bien sûr découvrir de nouveaux restaurants et de nouvelles cartes des vins. Mais aussi des restaurants qui travaillent vraiment leurs accords mets et vins, ce qui n'est pas aussi commun qu’on peut le penser. Après tout, pour apprécier au mieux une bonne bouteille de vin, il faut avoir le bon plat ! Je voudrais aussi faire connaître ces restaurateurs qui aiment profondément le vin et ceux qui le produisent, et qui comprennent que le vin et la cuisine doivent travailler ensemble. Pour finir, je voudrais mettre de l’avant ces adresses qui ne jouent pas le jeu de l'inflation.

Qu’est-ce qu’il faut pour gagner un prix Star Wine List ?

Un mélange de classicisme, de curiosité, d'originalité, de prix justes et, dans l’idéal, des vins avec un peu de maturité. Et, bien sûr, un sommelier qui s'adapte à ses clients, qui écoute et comprend ce qu’ils veulent. Un bon sommelier sait que le plus important dans son travail est de faire plaisir à ses clients, tout en rendant hommage au vigneron et au chef.

La France reste une référence, et les gens adorent encore et toujours les grands vins français.

Penses-tu que la France, traditionnellement considérée comme le pays du vin, est au même niveau que d’autres pays producteurs ces dernières années ? Ou a-t-elle plutôt tendance à se reposer sur ses lauriers ?

La France reste une référence, et les gens adorent encore et toujours les grands vins français. Les meilleurs bordeaux sont la référence pour ceux qui produisent des assemblages bordelais, et même chose pour la Bourgogne si on produit du pinot noir ou du chardonnay, pour le Rhône Nord si on produit de la syrah, ou pour la Champagne si on produit des vins effervescents en méthode traditionnelle. Mais ça ne signifie pas pour autant que des vins extraordinaires ne sont pas produits ailleurs. Le plus important dans le vin, c'est de comprendre son terroir et de comprendre comment exprimer au mieux l'émotion qu'il peut transmettre. Si on y arrive, alors on a vraiment produit quelque chose de spécial. Cela peut être fait dans de nombreux pays et régions, tant qu’on a un vrai terroir entre les mains et qu’on trouve le ou les bons cépages pour transmettre son message.

Selon toi, qu’est-ce que la France fait de mieux ?

La France a plus de deux mille ans d'histoire viticole. Ses meilleurs producteurs ont une compréhension approfondie de leurs terroirs et savent comment exprimer au mieux la magie qui en émane. Ces savoir et savoir-faire se sont transmis de génération en génération. Par ailleurs, la France offre beaucoup de diversité en matière de styles de vin. C'est ce qui fait que c’est un pays vraiment particulier - même si c'est aussi vrai pour l'Italie, et dans une moindre mesure pour l'Espagne et le Portugal.

Quels régions et cépages français sont selon toi sous-estimés, malgré leur potentiel ?

Il y en a beaucoup. Par exemple, le Roussillon est une région fantastique avec une grande diversité de sols et de microclimats, et elle commence seulement à être reconnue à sa juste valeur. Les crus du Beaujolais sont aussi de superbes terroirs. Ils ont été oubliés pendant quelques décennies, mais les gens commencent à se rendre compte à quel point ils peuvent être inspirants. Avec le changement climatique, la Champagne va produire de plus en plus de vins tranquilles de qualité. La Loire est aussi loin d'avoir dit son dernier mot et certaines sous-régions vont probablement sortir de plus en plus du lot. Quant aux cépages, je pense qu’on commence juste à saisir le potentiel du melon de Bourgogne dans le Muscadet. Et le cabernet-franc a encore un grand potentiel, en particulier avec le changement climatique, tout comme le carignan.

Qu’est-ce que tu aimerais voir plus dans le monde du vin en France ?

Des jeunes sommeliers passionnés. C'est de plus en plus compliqué de recruter des jeunes dans ce métier, il y a un énorme déséquilibre entre les besoins et les ressources. Mais on a tous une responsabilité dans le secteur viticole : on doit séduire les jeunes générations, leur montrer que le vin est unique et que travailler dans la filière viticole est un réel privilège.

Dans les cartes des vins, quelles sont selon toi les erreurs les plus courantes ?

Le manque de diversité, et les prix trop élevés avec des marges folles.

Pour finir, quelle carte des vins t’impressionne particulièrement, hors de la France ?

Celle de Celler de Can Roca. Une carte des vins extrêmement vaste, ce qui pour un trois étoiles Michelin est commun, mais aussi très abordable au niveau des prix, ce qui est beaucoup plus rare ! Je citerais aussi Vintage 97 à Turin, un restaurant à une étoile Michelin, pour les mêmes raisons.

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