Château Palmer 2012 sort de sa réserve – ‘Ten Years On’

Photo: Olivier Metzger.
Krister Bengtsson
Publié 16-octobre-2022
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Chaque quatrième jeudi du mois de septembre, Château Palmer sort du caveau historique de la propriété son millésime de dix ans d’âge. Aujourd’hui à l’affiche, le millésime 2012 réserve plusieurs surprises. Krister Bengtsson, fondateur de Star Wine List et fin connaisseur du Bordelais, s’est entretenu avec le winemaker et directeur de Palmer, Thomas Duroux.

Thomas Duroux : « 2012 est un millésime de contraste. Les Merlots était mûrs, gorgés de soleil et exubérants. Les Cabernets étaient frais et précis, très “bordelais”. C’était comme rentrer deux millésimes en un au cuvier, chacun avec sa propre expression. La grande question était de savoir comment ils s’accorderaient. »

Krister Bengtsson : « Après dégustation du 2012, je peux répondre à cette question : ils se sont très bien trouvés. Ce vin est probablement du rouge le plus profond que j’ai jamais vu sur la rive gauche de Bordeaux. Au nez, l’exubérance du Merlot saute littéralement du verre, mais l’ensemble garde une retenue, une vraie jeunesse, avec des tanins texturés et une fraîcheur persistante. Le vin m’a d’ailleurs semblé si jeune que j’ai dû revérifier le millésime pour être certain d’avoir ouvert le bon ! »

Thomas Duroux. Photo: Olivier Metzger.

Duroux : « Oui, le vin a l'air très jeune mais il reste en même temps très ouvert. Cela a toujours été le cas pour les crus 2012, mais pas pour tous les millésimes de Palmer. En ce qui concerne la couleur, je pense qu’elle est liée aux petits rendements : seulement 28 hl/ha pour cette vendange, récoltée sur de vieilles vignes. C’est un vin puissant et profond. »

Comme presque tous les Grands Crus de Bordeaux, Château Palmer avait pour habitude de vendre la majeure partie de sa production en primeur au négoce. Mais depuis 2010, le domaine conserve 50 % de sa production pour la commercialiser à une date ultérieure. En 2020, l’équipe décidait de sortir le cru 2010, lançant ainsi une nouvelle tradition : chaque année, au mois de septembre, le Château sort son vin de dix ans d’âge, vieilli en bouteille.

Château Palmer est une propriété unique sur la rive gauche de Bordeaux. Unique d’abord par son encépagement, la moitié des vignes étant plantées en Merlot, quand la coutume locale vise plutôt une majorité de Cabernet Sauvignon. Une particularité qui, associée au sol et au lieu, crée un profil aromatique singulier.

Thomas Duroux et son équipe ont aussi fait partie des premiers à creuser les questions de durabilité et de biodynamie sur la propriété. Palmer développe aujourd’hui une ferme, qui produit ses propres fruits et légumes, ainsi que son élevage de vaches et moutons pour la fertilisation et l’entretien des sols ou la production de compost.

Bengtsson : « 2022 a vu se succéder canicule sur canicule dans le Bordelais. Alors que la météo devient plus extrême, comment les vignes s'adaptent-elles ? Et comment les gérez-vous ? »

Duroux : « De plusieurs manières. D’abord en renforçant la qualité organique et la vie microbienne des sols. Ensuite, en conservant nos vieilles vignes plus longtemps, en travaillant sur l’exposition et la surface foliaire de la plante… Beaucoup de petites choses. Mais, pour être tout à fait honnête, si les températures continuent de grimper, les vins et la viticulture de demain seront très différents... »

Photo: Olivier Metzger.

Bengtsson : « Vous faites partie des pionniers ici en matière de viticulture biologique et biodynamique. Avez-vous l’impression que davantage de domaines bordelais se penchent sur la question ? »

Duroux : « Oui, de nombreuses propriétés s’orientent désormais vers ce type de viticulture. 20 % du vignoble bordelais doit être biologique à l’heure actuelle. La moitié, voire les deux-tiers, des grands châteaux sont certifiés bio ou en voie de l'être, et au moins 95 % d’entre eux sont en phase d’expérimentation. Ce n’est qu’une question de temps. C’est un grand pas en avant, et pas seulement pour Bordeaux... »

Bengtsson : « Où votre vision holistique va-t-elle vous mener dans les années à venir ? »

Duroux : « Comme vous avez pu le voir, nous développons ici notre ferme, circulaire et holistique : le vignoble, la biodiversité, les arbres, les animaux, mais aussi le potager et le jardin. C’est un tout. Nous rénovons également notre village médocain, autour de l’idée de “cantine vigneronne”. Un restaurant destiné aux employés de Palmer, mais ouvert également aux gens de l’extérieur. »

Photo: Olivier Metzger.

Bengtsson : « Y a-t-il un paradoxe à être à la fois une ferme, un domaine durable et engagé, et un cru parmi les plus rares et luxueux de Bordeaux ? »

Duroux : « Le plus important pour nous, c’est d’arriver à exprimer ce lieu. Un lieu unique, fruit d’une très longue histoire, jalonnée de très grands vins. La demande pour nos vins est forte dans le monde et, par conséquent, les prix sont élevés… Mais nous n’avons pas l’impression d’être une « marque de luxe ». Nous nous sentons avant tout privilégiés de pouvoir mettre notre passion au service de ce lieu si particulier. Rien de plus. »

« Vous savez, je suis un grand amateur de vins. J’en déguste de beaucoup de régions différentes, et certains occupent une place à part. Pas parce que ce sont des produits de luxe, ou qu’ils sont rares. Mais parce qu'ils représentent quelque chose de fort. Ils portent en eux un lieu, une histoire, les femmes et les hommes qui les accompagnent, les émotions qu’ils procurent parfois. Et peu importe que ces vins soient chers ou bon marché, ça n’a pas d’importance. Ils ont de la personnalité. Et c’est là que nous voulons être : parmi les vins uniques ayant une vraie personnalité. »

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